Vous souhaitez en savoir plus sur le TDH ou TDAH et sa définition ?

Malaise dans notre époque ?

Je suis toujours étonné lorsque je constate combien la psychanalyse a été dépréciée ces dernières décennies.

Il est vrai qu’en cherchant à autonomiser les individus et à les rendre plus libres, elle contrarie l’idéologie dominante, d’inspiration anglo-saxonne et ultralibérale.

Il n’est qu’à voir combien les as du marketing contemporain rêvent de nous asservir à des désirs artificiels et standardisés afin de nous faire consommer toujours plus.

En réussissant au passage à nous faire croire que nous ne sommes mus que par notre libre-arbitre et que la consommation est une façon de nous singulariser.

Une des injonctions de l’époque n’est-elle pas : « Si tu veux, tu le peux ».

L’humain vu par des ingénieurs

Je crains que le monde qui se profile et dont semble rêver les gourous de la Silicon Valley ne soit par certains côtés pas très réjouissant.

Un monde dans lequel l’être humain est objectivable et dont tous les comportements peuvent ainsi être classifiés, sont prévisibles et auquel il s’agit juste d’appliquer des protocoles pour obtenir l’optimum.

En somme, pour faire des individus parfaitement adaptés au monde tel qu’il va sans se poser trop de question et qui seront de parfaits consommateurs et de parfaits travailleurs.

N’est-ce pas un inquiétant rêve d’ingénieur ?

La psychanalyse est une réelle force subversive

La psychanalyse, avec sa réelle force subversive, s’oppose à cette perspective.

Elle nous fait comprendre que le libre arbitre relève de l’idéalisme philosophique et qu’aucun d’entre nous n’est vraiment libre dans sa propre maison, c’est-à-dire dans sa propre tête.

Car nous sommes toujours le produit d’un ordre qui nous préexiste et ensuite, nous subissons l’influence constitutive d’une histoire familiale et d’un milieu.

Comme le disait Lacan, seul le psychotique, le « fou », est libre.

Le libre-arbitre n’existe pas

Vous pourriez alors m’objecter qu’il semble étrange de pouvoir devenir plus libre en comprenant combien nous le sommes peu.

Je conviens que c’est paradoxal. Mais il n’y a pas d’autres libertés humaines possibles. Comprendre par quoi nous sommes mû ou agit (en l’occurrence l’inconscient pour les psychanalystes), nous donne plus de liberté d’actions que de s’aveugler et croire que notre volonté est l’expression de notre conscience.

Comme l’avait déjà perçu Spinoza, si un objet nous attire, ce n’est pas parce qu’il est bon en soi. C’est parce que nous le désirons qu’il devient bon à nos yeux.

Notre époque est-elle angoissée ?

Comment pouvons-nous expliquer cette volonté contemporaine de contrôle et de rationalisation ?

Il y a indéniablement une réaction face à l’angoisse de l’inconnu, de la mort, du non-savoir.

Dans les sociétés traditionnelles, la religion offrait une sorte de protection immunologique contre le non-sens et l’angoisse.

Mais dans les sociétés telles les nôtres, qui sont, si on en croit Marcel Gauchet, sortie du religieux, la science et la technique semblent nous offrir un mythe de substitution que nous avons surinvesti symboliquement.

Ne nous étonnons pas si les chiffres sont devenus aussi importants dans le monde de l’action politique et celui de l’entreprise.

Nous pouvons désormais parler de folie évaluation (Voir le livre de R.Gori).

Les chiffres, sous leur séduisante apparence de scientificité, nous paraissent évidents et naturels et nous n’hésitons pas à leur assujettir jusqu’à la conduite d’une partie nos vie.

Sans nous rendre compte qu’ils sont eux-mêmes le produit des rapports de force sociaux et symboliques d’une époque donnée, et donc à ce titre relatifs et porteurs d’illusions.

Nous adorons ainsi les catégories, les classifications, les simplifications et nous acceptons de nous plier à une exigence de normalisation généralisée. Serions-nous devenus fous ?

Et le TDAH alors ?

Définition du TDH ou TDAH

Pour commencer, nous pourrions donner une définition à minima du TDAH (Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité) : Il se définit par des difficultés de concentration, de l’impulsivité, associées ou non à de l’hyperactivité.

Le TDH ou TDAH n’est pas peut-être pas une notion très rigoureuse

Vous avez dû comprendre toutefois que le fameux TDH ou TDAH est un symptôme de notre époque, et relève lui aussi de notre frénésie normalisatrice.

Il faut savoir que le TDAH n’est reconnu par aucune des classifications françaises.

Il s’appuie sur une classification américaine, le DSM (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux).

Certains ont remarqué avec malice, que ce « diagnostic » a été imaginé après la découverte par l’industrie pharmaceutique de la Ritaline.

Je me garderais de verser dans la thèse complotiste. Mais nous pouvons supposer que quelques lucratifs marchés ont dû alors s’ouvrir.

En France, le psychiatre Patrick Landman a montré que le TDAH n’a aucune cause biologique identifiable, que ses symptômes ne sont pas spécifiques, n’ont pas de marqueurs biologiques, et qu’aucune hypothèse neurobiologique n’a pu être démontrée (Voir l’article dans le Figaro Santé).

Les limites d’une classification

Notons de plus que derrière ce « fourre-tout », se cache des symptômes bien connus des psychanalystes et très différents (névrose, psychose…). Ce qui pose déjà un problème en soi.

Mais le plus problématique est que les différents troubles qui sont occultés ici peuvent présenter des gravités très variables. Nous pouvons ainsi rencontrer de graves psychoses ou à l’opposé, des névroses banales et sans grandes conséquences.

Les psychanalystes savent que ces troubles ne se prennent pas du tout en charge de la même façon.

Ce que nombre de médecins apparemment n’ont pas saisi.

Plutôt que pendre en compte la complexité de l’individu et de considérer que nous sommes tous infiniment singuliers, l’époque en se croyant rationnelle et faire ainsi acte scientifique, préfère simplifier, réduire et standardiser.

C’est-à-dire finalement dénier le problème en le renvoyant à un acte médical « sans soin », expéditif et déshumanisé.

Est-ce encore le fantasme de productivité et de contrôle qui pointe ici ?

Nous retrouvons ici le début de mon propos.

La psychanalyse a une approche fine du TDAH

La psychanalyse a pourtant bien perçu que le TDAH est un symptôme contemporain et qu’il porte l’empreinte de la sursollicitation de nos enfants et notamment de leur surexposition aux écrans, aux jeux vidéo, aux réseaux sociaux.

Avec la force de son écoute « vraie », de son respect scrupuleux du sujet et de sa singularité, la psychanalyse a compris depuis longtemps que l’enfant hyperactif est souvent un enfant qui évolue dans un environnent insécure et qui devient ainsi hyper-vigile.

Ce qui ne se « traite » pas comme une maladie en « écrasant » le symptôme avec des molécules chimiques, mais qui nécessite de comprendre avec finesse et patience, si des troubles sont apparus lors de la constitution des liens précoces, quelle place tenait la mère et le père de l’enfant dans son économie psychique et s’il n’a pas connu quelques traumatismes, comme l’absence ou la maladie d’un parent alors qu’il était tout petit.

Pour aller plus loin, voir mon article : « Pourquoi la psychanalyse ne doit pas disparaître.