Qu’est-ce que le Syndrome de l’Imposteur ou phénomène de l’imposteur ?

La psychologue Pauline.R. Clance a été la première à parler du « syndrome de l’imposteur » dans ses articles en le caractérisant comme un sentiment d’insécurité injustifié.

« Syndrome de l’imposteur », également appelé « phénomène de l’imposteur » ou même parfois « expérience de l’imposteur ».

Le travail et la pensée de Pauline.R. Clance sont intéressants. Mais le « syndrome de l’imposteur » ou « phénomène de l’imposteur » ne relève pas d’une catégorie clinique particulière.

C’est pour cette raison que je mets des guillemets.

Il s’agit d’une expression du langage courant qui peu à peu s’est imposée au point de passer désormais pour une terminologie de psychologie scientifique.

Les psychanalystes entre eux ne l’utilisent donc pas sous cette forme (ils se réfèreront plutôt à un diagnostic de structure en pensant aux catégories de la psychanalyse : Névroses, psychoses, perversions).

Je vais toutefois conserver cette expression de « syndrome de l’imposteur », car elle est parlante et chaque personne peut s’y reconnaître ou la comprendre en situation dans la vie quotidienne ou au sein de l’entreprise.

Essayons de clarifier ce que cette expression et ce phénomène recouvrent.

Je vais réagir ici en professionnel de la psychanalyse et m’inspirer de ce que je rencontre en situation dans mon cabinet.

Le « syndrome de l’imposteur » est le sentiment profond de ne pas mériter ses succès et ses réussites alors que vu de l’extérieur, la personne ne manque pas de chance, de qualités et de compétences objectives.

Qui souffre du Syndrome de l’Imposteur : Le cas de Rose

Je pense à l’une de mes patientes. Je vais l’appeler Rose.

Rose est une jolie femme d’une quarantaine d’années. Elle est sensible, courageuse, a souvent beaucoup d’idées, a un vrai talent de communication et est attentive aux autres.

Si vous la rencontriez, par exemple à l’occasion d’un repas entre amis, vous trouveriez qu’elle a de la chance d’avoir de telles capacités et vous seriez séduits par son humour et sa vivacité d’esprit.

Et pourtant, si vous saviez.

Rose doute d’elle et de tout ce qu’elle entreprend. Elle se donne pourtant beaucoup de mal. Elle est très impliquée dans son travail et veut être irréprochable aux yeux de ses collègues et de son manager.

Le problème c’est qu’elle a fini par travailler comme deux personnes dans son entreprise, sans obtenir en retour le salaire correspondant. Elle commence à comprendre qu’elle est un peu exploitée.

Mais à cette simple pensée, elle éprouve déjà de la culpabilité.

Sa vie amoureuse n’est pas plus satisfaisante et pas plus couronnée de succès. Nous pourrions jurer que Rose ne doit avoir aucun problème pour rencontrer des hommes aimants et attentionnés. Pourtant, ses tentatives pour se mettre en couple ont toutes échouées et elle semble être très douée pour choisir des hommes qui finissent par la traiter avec un manque de respect flagrant.

Vu de l’extérieur, vous ne pourriez pas vous douter que Rose souffre du syndrome de l’imposteur (« impostrice » n’est pas très usité. Ce qui ne veut pas dire que les femmes sont moins concernées).

Je dirais que le syndrome de l’imposteur peut être défini comme la profonde impression de ne pas mériter ses succès et ses réussites, contre l’évidence des faits et l’avis de son entourage. Que ce soit dans la vie quotidienne ou au sein de l’entreprise.

Ceci s’accompagnant de la peur d’être un jour « débusqué » (c’est-à-dire qu’un jour, la personne est convaincue qu’elle commettra une inévitable erreur et que la vérité de son imposture ou de son illégitimité apparaitra au grand jour).

Enfin, l’imposteur éprouve souvent une grande culpabilité car il ou elle est convaincu de tromper son entourage.

Alors, même si le « syndrome de l’imposteur » n’est pas une catégorie clinique, qu’est-ce que la psychanalyse peut en dire ? Et surtout, comment peut-elle nous permettre de le surmonter et d’en guérir ?

Quels sont les Symptômes courants du Syndrome de l’Imposteur ?

Je vais faire un récapitulatif et vous livrer avec plus de précision certaines manifestations du syndrome de l’imposteur que j’ai identifiées au cours de ma pratique professionnelle.

Mais attention. Les différents traits que je rapporte ci-dessous sont des tendances et s’expriment rarement tous ensemble.

La psychanalyse voit l’individu dans une perspective dynamique et le clinicien ne met pas les patients et leurs symptômes dans des « boites » ou des catégories.

Ne cherchez donc pas à vous reconnaître (ou non) dans tel ou tel trait exact, mais envisagez les choses d’une façon globale et essayez plutôt de voir les grandes tendances de votre personnalité et de votre psychologie.

Enfin nos traits psychiques évoluent au cours de la vie et certains sont plus ou moins activés par les situations et les circonstances.

Voici les manifestations principales du « syndrome de l’imposteur » :

  • Crainte persistante de l’échec : Peur (voire angoisse) de ne pas être à la hauteur, alors que de toute évidence la personne n’a pas moins de succès ou de chance que les autres et fait même souvent mieux.
  • Minoration des succès : Ne pas vraiment croire à ses qualités et es réussites en ayant tendance à les attribuer à la chance ou à l’aide des autres. La personne a ainsi tendance à ne pas croire aux compliments, ou à s’en réjouir très peu de temps lorsqu’elle a obtenu un succès. Par contre, elle sera très sensible durablement et parfois dévastée en cas d’échecs ou de moindre réussite.
  • Grand perfectionnisme : Vouloir être parfait ou parfaite, souvent dans l’espoir d’attirer l’attention des autres ou leur affection. Je vous renvoie ici au cas de ma patiente Rose qui cherchait ardemment dans le cadre de son travail la reconnaissance de l’équipe et de la hiérarchie.
  • Sentiment d’illégitimité : Avoir le sentiment de ne pas mériter ses succès et ainsi de tromper son entourage et d’une façon générale « le monde ».
  • Peur d’être un jour démasqué : La personne qui se pense « nulle » (selon l’expression de ma patiente Rose) craint qu’un jour ou l’autre le monde s’en rende compte et la démasque. Cette peur est souvent inhibante et pose problème car elle est difficile à surmonter et peut empêcher la personne de se lancer dans des projets ambitieux.

Les causes du Syndrome de l’Imposteur

Freud a découvert (ou plutôt, rendu évident ce que nombre de penseurs soupçonnaient depuis des siècles) que nous sommes mus par une sorte de programmation psychique profonde que la psychanalyse a appelé l’inconscient.

Ce fut un changement radical dans la façon dont l’être humain se percevait.

Il n’était notamment plus possible de parler de libre arbitre comme les philosophes.

Ce que nous appelons par commodité « syndrome de l’imposteur » relève donc de toute évidence de la façon dont notre psychisme s’est formé au cours de notre vie depuis notre enfance.

Nous savons que les premières années de vie sont cruciales dans la constitution de l’être psychique de chacun d’entre nous.

Pendant plusieurs années après sa naissance, l’enfant dépend entièrement de son entourage pour sa survie.

Il est donc complétement enfermé dans un monde clos régi par le discours d’abord de sa mère, ensuite de son père puis par extension, de ses proches et enfin de la société.

C’est ce que Lacan appelait le grand Autre.

Apparaît ainsi chez l’enfant, l’idée que « l’autre » attend quelque chose de lui et que pour obtenir de l’amour et la reconnaissance de son existence, il devra répondre à cette « demande » (être gentil avec maman, bien manger…).

Ainsi, le développement psychique de l’enfant, si complexe par ses interactions et ses intrications, peut être perturbé par de nombreux facteurs et exprimer notamment une tendance à l’échec.

En m’inspirant de mon exercice professionnel, en voici quelques-uns.

La liste n’est toutefois pas exhaustive. Chacun d’entre nous est singulier et les facteurs pouvant influer notre psychologie sont presque infinis.

  • Des exigences parentales trop élevées ou contradictoires. Je pense ici à un patient dont les parents attendaient de lui lorsqu’il était enfant que toutes ses notes à l’école soient au moins égales à 18 sur 20. Il en a conçu l’idée que ses réussites ne seraient jamais suffisantes et qu’il était condamné à l’échec.
  • La violence d’un parent. Je pense ici à une patiente dont les parents s’étaient séparés lorsqu’elle était petite et dont le père était violent avec elle lorsqu’il la recevait une fois par semaine. Sa santé psychique et sa future vie de femme en furent très perturbées. Elle manque notamment beaucoup d’estime de soi.
  • Une absence de reconnaissance.
  • Des critiques implicites ou explicites…

L’ensemble de ces facteurs peuvent conduire à la constitution d’un surmoi tyrannique.

Le surmoi est la « petite voix » intérieure que chacun porte en soi. Le surmoi intègre les règles de comportements que nous ont inculquées nos parents puis la société.

Le surmoi est l’instance « morale » interne de surveillance qui nous permet de vivre en communauté. Mais un surmoi trop exigeant devient douloureusement tyrannique. Il sape la confiance en soi de la personne et ne lui permet pas de prendre sa place comme elle le pourrait.

Comment guérir le syndrome de l’imposteur ?

La psychanalyse ne se contente pas de donner quelques conseils pour surmonter un échec ou de professer quelques idées générales dans l’espoir d’avoir une meilleure vie.

La psychanalyse ne relève pas du simple coaching, du cours de communication ou de la pensée positive.

Elle va au-delà des phénomènes et des symptômes apparents du syndrome de l’imposteur pour explorer les racines des inhibitions et des empêchements, dans les meilleures conditions de confidentialité et de bienveillance.

C’est ainsi la seule approche psychothérapeutique qui procure un effet aussi profond et durable.

Au terme d’une thérapie psychanalytique, le patient aura réellement changé, mieux trouvé sa place et gagné en confiance en soi.

Il aura compris que sa tendance à l’échec n’est pas une fatalité ou un manque de chance.

Il sera parvenu à échapper en grande partie aux injonctions inconscientes qui menaient sa vie à son insu pour se connecter à des désirs plus singuliers et plus autonomes.

Pourquoi consulter un psychanalyste à Paris ?

La vie parisienne contemporaine et le travail au sein de l’entreprise peuvent nous faire souffrir et accroitre le syndrome de l’imposteur.

Nous sommes obsédés par la rapidité, la communication compulsive, la productivité et les injonctions sociales sont implacables (pour aller plus loin, vous pouvez aller voir cet article : Ces entreprises qui nous font souffrir).

Ceci au détriment de notre santé psychique.

Aller voir un psychanalyste à Paris vous offrira un espace unique pour prendre le temps de guérir de vos souffrances et surmonter votre syndrome de l’imposteur.

Vous serez alors beaucoup plus en mesure de saisir les chances que vous offre la vie, de faire fructifier vos qualités, vos compétences et de profiter de vos succès.

Si vous voulez savoir en quoi consiste une psychanalyse, cette page pourrait vous intéresser : Qu’est-ce que la psychanalyse ?