Questions fréquentes
Olivier Massiot
Les questions de fond
La psychanalyse est née à Vienne à la fin du XIXeme siècle. Sigmund Freud a révolutionné notre vision de l’être humain à travers la découverte du fonctionnement de l’inconscient.
Il a profondément modifié la façon d’aborder la psychologie humaine et a aussi été énormément décrié.
Si le mouvement psychanalytique s’est ancré dans le temps –malgré les détracteurs qui n’ont pas manqué– c’est que la pratique a démontré, au fil des décennies, que la cure psychanalytique permet de lever des symptômes et de rendre la vie des patients beaucoup plus vivable… Ce qui est le but recherché !
On entend parfois dire : « je ne vais pas aller voir un psy, je ne suis pas fou/folle ». C’est un cliché populaire, car dans leur immense majorité, les patients des psychanalystes sont tout à fait sains d’esprit ! Ce sont des névrosés (mais nous le sommes tous à des degrés divers).
De nombreuses personnes lorsqu’elles ne vont pas bien, préfèrent « faire avec » (tant que c’est possible) ou cherchent des solutions rapides du côté des techniques de développement personnel. Celles-ci peuvent avoir un résultat ponctuel mais ne traitent pas les causes profondes.
C’est vrai que consulter un psychanalyste demande du courage. Reconnaître que l’on va mal et aller se confronter à son fonctionnement profond, ça n’est bien sûr pas facile… mais je n’ai connu aucun patient qui l’ait regretté. Car après on mesure tout le chemin parcouru !
Les raisons sont multiples, le point commun étant qu’on fait une cure lorsqu’on se sent trop mal dans sa vie. Pour certains, la volonté seule suffirait pour aller bien « si je le veux, je le peux »… Malheureusement cela ne peut se décréter. En revanche on peut avoir la volonté de s’en sortir, en s’engageant dans une cure psychanalytique.
Voilà quelques raisons – le plus souvent la demande n’est pas aussi précise– qui font que des patients sont venus me voir :
- une angoisse qui paralyse,
- un manque de confiance,
- une rupture sentimentale,
- vivre d’incessants conflits,
- répéter les mêmes choses et les mêmes erreurs,
- avoir des crises de larmes et une sensation d’inutilité,
- souffrir de symptômes :
o troubles obsessionnels compulsifs (Toc),
o phobies : incapacité à sortir de chez soi, agoraphobie, peur des microbes, peur des transports,
o troubles du sommeil importants,
o procrastination,
o addictions…
On a tout à gagner à agir plutôt qu’à renoncer.
Le seul fait de venir parler à un rythme régulier à un professionnel « neutre », dont l’écoute est ouverte et bienveillante, fait déjà du bien. Le cabinet d’un psychanalyste est un lieu où l’on peut parler librement sans être jugé et en étant respecté dans sa singularité.
La démarche psychanalytique permet un « déplacement », une compréhension de ses mécanismes intimes et un changement de regard.
Le psychanalyste va aider le patient à parler, à libérer ses affects et à faire des associations libres. Suggérant des interprétations, il va accompagner le patient dans la compréhension de son fonctionnement profond… pour lui permettre de faire bouger des lignes, de se libérer de certaines entraves.
Sûrement pas ! Pas besoin d’être érudit et de lire les ouvrages de Freud, ni même de réfléchir dur. Le principe étant de laisser aller librement sa parole, de dire spontanément ce qui vient à l’esprit, de faire des associations libres. L’enjeu n’est pas de devenir plus cultivé ou intelligent, mais de gagner en liberté en dépassant ses blocages, ses angoisses, sa culpabilité, en découvrant ses propres désirs et en s’ouvrant ainsi à de nouveaux horizons.
C’est très variable, car une cure psychanalytique avance à la vitesse du patient et parfois les choses peuvent être rapides. Ceci dit, lorsqu’on est dans un mode de fonctionnement depuis des décennies, lorsque notre névrose nous fait reconduire inlassablement les mêmes schémas et les mêmes échecs, cela peut prendre un certain temps de sortir de ses rails et d’accéder au fonctionnement de son inconscient.
Parfois on piétine un peu car on approche de souvenirs douloureux, bien enfouis et difficiles à évoquer et à d’autres moments les choses s’accélèrent. C’est variable d’un individu à l’autre, selon l’histoire personnelle, les pathologies, les symptômes et les psychologies… ce qui explique d’une analyse puisse durer quelques mois comme plusieurs années.
Le patient se rend compte de ses progrès, a parfois peur d’aller plus loin, ou au contraire peut craindre d’arrêter la cure… C’est là que le psychanalyse l’orientera, qu’il faille prolonger un peu les séances ou au contraire être capable d’arrêter pour poursuivre son chemin.
C’est un peu caricatural. Mais il est vrai qu’on n’a pas d’échange avec un psychanalyste comme on peut en avoir en face à face avec un psychologue.
Le psychanalyste est avant tout dans une posture d’écoute. Au service de son patient, il est là pour accueillir ses paroles et se garde bien de l’interrompre !
Autant un coach donne des conseils de bon sens, autant un psychanalyste est attentif aux mots. Ça n’est pas du tout la même approche.
L’analyste veille à intervenir avec tact, à parler au bon moment, pour poser une question, recueillir un sentiment, encourager le patient à explorer un point particulier ou proposer une interprétation. Mais non, il n’est sûrement pas muet !
Beaucoup de séances sont agréables, parfois drôles, ou directement apaisantes. Mais il y a aussi des moments plus douloureux. C’est souvent lors des crises que l’analyse avance le plus, le patient touchant en effet de plus près sa structure psychique profonde. Donc cela peut être difficile, il y a parfois des crises de larmes, mais elles sont salvatrices. Encore une fois, il s’agit de se défaire de protections, qui constituent aussi des empêchements. Ma plus grande satisfaction c’est lorsque le patient un jour prend conscience du chemin parcouru, parfois dans la douleur… Et qu’il parvient à se projeter avec confiance dans l’avenir.
Certaines personnes craignent que le psychanalyste incrimine leurs parents. S’il est vrai que ce que vous avez vécu enfant a eu une influence prépondérante sur votre psychisme, le rôle du psychanalyste n’est certainement pas de juger vos parents.
En plus, on constate que des enfants élevés exactement de la même manière auront des interprétations différentes d’événements de leur enfance (une chose aura pu marquer l’un mais pas l’autre) car tout est question de moment et de sensibilité individuelle.
La cure s’intéresse à votre ressenti propre, à ce qui a été intégré en vous en tant que sujet. En dehors de cas extrêmes (violence familiale ou pédophilie par exemple), ce qui fait souffrir un individu vient de sa propre façon d’interpréter les réalités.
La psychanalyse change la vie, et vous serez surtout enrichi par le parcours que vous aurez effectué, et libéré des conflits toxiques qui vous empoisonnaient la vie.
Des symptômes marqués constituent un frein à l’expression de nos propres désirs et de notre potentiel. Le risque alors c’est de passer en partie à côté de sa vie.
La psychanalyse permet de stimuler les potentialités propres à chaque individu. Oui votre personnalité va évoluer et s’affirmer, mais vous ne deviendrez pas quelqu’un d’autre : au contraire vous serez plus pleinement vous-même.
Ce travail de compréhension de soi-même vient modifier le regard que l’on se porte et sa façon d’appréhender les événements.
Très schématiquement, quand le patient commence à comprendre sa névrose et le rôle actif de ses symptômes, il se libère du poids de souffrance qui l’avait amené à consulter, et le travail de guérison peut commencer.
Au terme d’une analyse réussie, le patient aura changé en profondeur et gagné en liberté d’action et de pensée. Une cure permet d’aller nettement mieux, et de reprendre goût à la vie.
Pendant le temps de la cure, il s’opère un déplacement provisoire sur l’analyste d’un attachement qui est le produit de la névrose du patient.
Le psychanalyste en connaît parfaitement le mécanisme et va utiliser ce transfert comme un outil pour aider son patient à se libérer de son fonctionnement névrotique et de ce qui l’empêche d’avancer dans sa vie. La psychanalyse n’est pas une pratique normative.
Des études ont montré que la psychanalyse est non seulement une des thérapies les plus efficaces, mais surtout qu’elle apporte des résultats durables, puisque le patient a modifié en profondeur ses ressorts psychiques.
Mais la vie étant par nature imprévisible, il peut y avoir à nouveau des périodes compliquées et de « rechutes ». Généralement, le patient retourne alors chez son psychanalyste, pour une nouvelle « tranche » plus ou moins longue. Parfois quelques séances suffisent à lui permettre de surmonter les épreuves rencontrées.
Et en pratique…
On rencontre souvent un ou une psychanalyste par le bouche-à-oreille. C’est une très bonne piste.
Vous pouvez également faire une recherche sur internet et voir si son site web vous parle. Vous pouvez alors prendre un premier rendez-vous.
Vous devez avant tout vous sentir bien et en confiance avec la personne. Il doit être bienveillant, ne pas vous juger.
Le cadre et l’ambiance du cabinet participent également au choix, tout comme sa localisation, car les rendez-vous étant réguliers, la proximité est aussi importante.
Vous devez pouvoir parler de tout avec lui (de la fréquence des séances, du prix…).
Et même ne pas forcément être d’accord et pouvoir le lui dire.
Soyez vigilant s’il parle beaucoup, vous donne des conseils et est interventionniste.
Dans ce cas, ça n’est plus une pratique psychanalytique.
Ici, ne vous fiez qu’à votre ressenti. Si vous préférez une femme, allez voir une femme.
Si vous préférez un homme, allez voir un homme. L’important sera surtout de sentir « si le courant passe » lors du premier rendez-vous.
Pas du tout, un psychanalyste n’est pas un médecin, et de vous seul dépend la décision d’aller en rencontrer un ou pas. Vous pouvez aussi demander à votre médecin généraliste de vous orienter, mais il ne vous fera pas d’ordonnance. Rappelons qu’il est question d’aller mieux dans votre vie, ce qui doit passer avant toute autre considération, même si cela demande il est vrai un effort financier.
Une séance dure généralement de 30 à 45 mn. Pour l’efficacité de la démarche, il est essentiel d’être à l’heure, et de s’engager à venir régulièrement.
Le praticien vous proposera un rythme de séances, lesquelles peuvent être hebdomadaires ou bihebdomadaires si besoin.
Les premières séances se déroulent en tête à tête, ensuite vous serez généralement allongé sur un divan, ce qui facilite la détente et libère la parole.
Vous n’avez pas à lire d’ouvrage pour préparer une séance, pas à réfléchir, mais l’important est de laisser venir librement votre parole, sans vous autocensurer.
Le psychanalyste peut tout entendre, il n’est pas là pour porter de jugement moral. Si entre deux séances vous avez pensé à des choses que vous souhaitiez dire à votre psychanalyste, n’hésitez pas.
Le principe est de lâcher prise et de vous raconter.
La pratique de la psychanalyse suppose avant tout une formation continue. Les praticiens ont d’abord mené leur propre cure, puis se sont formés avec rigueur au sein d’une association psychanalytique reconnue. Les jeunes psychanalystes y voient leur pratique systématiquement encadrée par un professionnel d’expérience.
Un psychanalyste ne cesse de nourrir sa pratique : il se forme et participe à des séminaires psychanalytiques tout au long de l’année.
Et comme le faisait si bien Freud –qui était pourtant un immense théoricien–, ils donnent priorité à leur expérience dans leur cabinet avec leurs patients.
Certains ont aussi des diplômes universitaires. Mais ce savoir peut les amener à des catégorisations trop théoriques, au détriment d’une écoute fine de leurs patients.
Car le plus important est justement d’oublier tout présupposé, pour se concentrer sur l’individu et sur son histoire familiale, qui sont à chaque fois uniques. Les principales qualités d’un psychanalyste sont sa capacité d’écoute, sa sensibilité aux mots, et la justesse de ses interprétations et des liens qu’il suggère.
L’usage veut que le prix des séances varie de 40 à 100 euros, ceci en fonction des possibilités des patients. C’est un investissement qui reflète votre implication dans le travail que vous engagez avec votre psychanalyste.
L’importance de l’enjeu aide à relativiser cette dépense.
Il est essentiel de prévenir suffisamment à l’avance son psychanalyste en cas d’empêchement, et d’en indiquer la raison, car la régularité fait partie de l’engagement nécessaire dans le travail de cure.
A savoir : certains psychiatres proposent parfois de la psychanalyse, et en tant que médecins délivrent des ordonnances. Ce n’est pas pour autant la meilleure des solutions, car le travail n’est pas le même. Et ce remboursement vient fausser l’investissement personnel qui est nécessaire à l’engagement.
Et pour terminer, pour être sûr/e de ne pas vous tromper
Il répond à des demandes très précises (réussir un examen, prendre un tournant professionnel, changer de look, faire le tri chez soi…), le but n’est pas d’entreprendre un travail sur soi en profondeur. Très souvent il s’appuie sur des recettes toutes faites.Le psychiatre :
Il diagnostique et traite les maladies mentales, et peut apporter un soutien ponctuel avec des médicaments (antidépresseurs, anxiolytiques, psychotropes) voire une hospitalisation, puisque c’est un médecin.Le psychologue :
Il mène des entretiens en face à face dans une situation d’échange et de dialogue, soit en individuel, soit en groupe. La psychothérapie vise à une meilleure adaptation de l’individu aux rôles et aux situations sociales.
Le psychanalyste :
Il propose une cure par la parole, un travail sur l’inconscient et les ancrages profonds du patient. Il vise un changement beaucoup plus global de l’individu dans toute sa singularité. C’est le seul à faire un travail sur la structure psychique profonde.
Consultation sur rendez-vous
Mon cabinet, 10 rue Alfred Stevens, Paris 9e, est facilement accessible.
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Pigalle (lignes 2 et 12)
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Bus 40 (Rochechouart-Martyrs) ; Bus 54 (Pigalle) ; Bus 74 (Pigalle-Chaptal)
Tel : 06 62 16 41 08