Le mal-être comme déclencheur d’une psychanalyse

Le plus couramment, c’est une certaine souffrance (pour ne pas dire une souffrance certaine) qui nous pousse à aller consulter un psychanalyste, lorsque nous avons compris que nous avons tendance à vivre des situations toujours semblables et que nous ne savons plus comment nous en sortir.

Le « transfert » comme levier de la cure

Au début, nous imaginons que le psychanalyste va nous dire ce qui ne va pas chez nous, un peu à la façon dont le ferait un médecin.

En fait, c’est ici que se joue ce que l’on appelle le transfert et qui est l’un des pivots majeurs de toute psychanalyse et qui fut très bien expliqué par Sigmund Freud.

Une remise en scène de la névrose

Lors de la cure, le patient va remettre en scène sa névrose en incluant le psychanalyste dans son jeu et en le mettant à une place particulière (le père, la mère, un oncle…).

C’est à dire qu’il va se poser en permanence les questions auxquelles précisément il ne parvient pas à répondre et rejouer les attitudes psychiques dont il n’arrive pas à se départir.

L’inconscient fait de la résistance

Car s’il est bien une constante chez chacun d’entre nous, c’est que nous ne voulons pas renoncer à notre mode de fonctionnement inconscient, fut-il névrotique.

Heureusement, le patient va trouver en face de lui un professionnel préparé à l’accueillir et rompu à la façon de l’empêcher de répéter inlassablement le même jeu et qui va lui permettre d’inventer alors de nouvelles réponses et de trouver une issue à la situation bloquée.

Le cas de Jean-Marc, un exemple pour mieux comprendre

Jean-Marc est un homme encore jeune, tourmenté et mal dans sa peau. Il échoue assez régulièrement ce qu’il entreprend, à la grande surprise de beaucoup car il est sensible, intelligent et semble avoir une vie sociale normale.

Que croyez-vous que Jean-Marc va tenter de répéter dans le transfert ?

Son échec, bien sûr !

Il cherchera, mu par son inconscient et pour se conforter dans son échec, à faire dire à son analyste que décidément avec lui rien n’est possible et qu’il n’est même pas capable de suivre une analyse jusqu’au bout.

Il oubliera par exemple de venir à certaines séances, se trompera de jour ou d’heure, tiendra un discours terne, emberlificoté ou agressif.

Ceci dans l’espoir, toujours inconscient, d’exaspérer l’analyste et de le pousser à lui signifier quelque chose de désagréable ou à interrompre la cure.

Bien sûr, le psychanalyste n’en fera rien et s’emploiera bien plutôt à ne pas entrer dans le jeu de son patient. Une porte s’ouvrira alors peut-être, que Jean-Marc choisira de franchir ou non.

S’il la franchit (sinon, ce sera partie remise), il pourra se souvenir d’une situation de son passé et finir par dire, souvent avec beaucoup d’émotion, que depuis qu’il est enfant, il est convaincu d’être un bon à rien et que d’ailleurs ses parents lui répétaient souvent :

« Mais qu’est-ce qu’on pourra bien faire de toi ?  ».

Une porte s’ouvre pour Jean-Marc

Une porte s’est bien ouverte. Et le psychanalyste ne laissera pas passer l’occasion de rebondir sur cette phrase et de lui donner de nouvelles inflexions.

Voici ce qu’il pourrait répondre : « Comment ? Vos parents ne savaient pas quoi faire de vous ? Mais alors, rien n’est encore décidé ! Ils n’attendent donc rien de vous, vous êtes dans des conditions psychiques idéales pour entreprendre ce que vous voulez !  ».

Un renversement de perspective vient d’avoir lieu.

Subitement, il apparaît que tout n’est peut-être pas perdu ou définitivement joué.

Pour parler comme Lacan, l’analyste ici a su reprendre un signifiant (Qu’est-ce qu’on va faire de toi ?) manifestement important pour Jean-Marc et lui donner un signifié (tu es libre de choisir), différent de celui retenu par son analysant (tu es nul).

On retrouve bien le mouvement décrit plus haut.

Rejouer sa névrose pour la transformer

Lors d’une psychanalyse, le patient met en scène sa névrose (sa question diront les spécialistes), dans le transfert, puis inlassablement au début, la rejoue.

Pourtant, c’est en la rejouant qu’il se donne la possibilité de l’infléchir et de la transformer.

Un peu comme si le « programme » psychique initial infantile (celui qui était dysfonctionnel) avait été modifié, réactualisé et devenait ainsi mieux adapté à la vie d’adulte du patient.

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