Le mal-être comme déclencheur d’une psychanalyse

Le plus couramment, c’est une certaine souffrance (pour ne pas dire une souffrance certaine) qui nous pousse à aller consulter un psychanalyste, lorsque nous avons compris que nous avons tendance à vivre des situations toujours semblables (la fameuse compulsion de répétition) et que nous ne savons plus comment nous en sortir.

Les phases d’une psychanalyse

Nous pouvons distinguer plusieurs phases dans une cure psychanalytique. Mais attention, une des très grandes forces de la psychanalyse est de proposer un point de vue dynamique et de tenir compte très finement de la spécificité de chaque patient. Les différentes phases du processus psychanalytique ne sont donc pas gravées dans le marbre et ce que je vais mentionner ci-dessous ne l’est qu’à titre indicatif.

En cela, la psychanalyse va à l’encontre de la plupart des psychothérapies contemporaines qui proposent des méthodes standardisées selon des protocoles rigides applicables à tous.       

Cette manière de procéder est souvent rassurante car elle donne une impression de rigueur scientifique. Mais elle ne saisit que très imparfaitement la complexité presque infinie des psychopathologies humaines et passe souvent à côté de la vérité du sujet (Pour aller plus loin, voir cet article : Pourquoi la psychanalyse ne doit pas disparaître).

La première phase d’une cure est en toute logique la recherche de l’analyste (homme ou femme) qui conviendra. Le plus courant aujourd’hui est de faire une recherche sur internet.  

Il peut toutefois être intéressant de se renseigner autour de soi et de se fier au bouche à oreille. Pour se simplifier les choses, il est souhaitable de retenir de préférence des psychanalystes proches de chez soi ou de son lieu de travail.Après souvent une première prise de contact par téléphone, vient ensuite l’étape de la première séance (ce que les spécialistes appellent la séance préliminaire). Le futur patient se fiera à son impression pour savoir s’il se sent bien et en confiance. Il est important de vérifier que le praticien qu’il rencontre met tout en œuvre pour qu’il puisse déployer sa parole.

Le psychanalyste n’est pas là pour donner des conseils. Il y a les coachs pour cela (Pour aller plus loi, voir cet article : Ne vos trompez pas de thérapie).

Un psychanalyste qui d’une façon générale parle beaucoup, ou pire, parle beaucoup de lui est donc un très mauvais signe. Le clinicien doit s’effacer le plus possible afin de permettre à son patient d’élaborer sa parole. C’est la parole de l’analysant qui est importante. L’analyste est avant tout là pour le guider dans l’exploration de son inconscient et de ses conflits psychiques.

Au cours des séances suivantes, et parfois pendant quelques mois, le patient reste assis.    

Puis viendra un moment ou son psychanalyste lui proposera de s’allonger sur le fameux divan.

Mais ceci n’est pas une règle absolue. Des patients préférerons en effet rester assis en face de leur analyste pendant toute la durée de leur cure afin d’être « soutenus » par le regard de celui-ci.

Le transfert s’installant, le patient fait de plus en plus confiance à son analyste et ose lui parler de tout ce qui le préoccupe, jusqu’à souvent aborder les sujets les plus intimes dont il n’a parfois jamais parlés à personne d’autre. Il se libère par la parole.

Puis au fil des séances et de la cure (dont la durée totale est très variable selon chacun), le psychanalyste aide son patient à faire une investigation de sa structuration psychique profonde et à identifier combien son inconscient le détermine à son insu selon des modalités souvent très archaïques qui le pousse à la répétition des mêmes comportements (ce que la psychanalyse appelle la compulsion de répétition).

Jusqu’au terme de l’analyse, stade auquel le patient parvient à se libérer de ses symptômes les plus invalidants et à vivre plus librement selon la loi de son désir.

Le paradoxe des mécanismes de défense

Mais avant cela, il arrive parfois une étape qui est marquée par le fait que le patient se décourage. C’est une phase assez paradoxale, qui voit le patient mettre en œuvre des mécanismes de défense et arrêter sa cure, alors que souvent il a fait jusqu’ici des progrès notables.

Les psychanalystes connaissent bien cet étrange phénomène. Ils savent qu’en tant qu’être humain, nous tenons à nos névroses et à nos symptômes, même s’ils nourrissent nos inhibitions et nous procurent d’indéniables souffrances.

Car ils nous constituent d’une façon si fondamentale, qu’au moment de changer de fonctionnement psychique, certains préfèrent malheureusement s’arrêter en (bon) chemin.

Le « transfert » comme levier de la cure

Au début, nous imaginons que le psychanalyste va nous dire ce qui ne va pas chez nous, un peu à la façon dont le ferait un médecin.

En fait, c’est ici que se joue ce que l’on appelle le transfert et qui est l’un des pivots majeurs de toute psychanalyse et qui fut très bien expliqué par Sigmund Freud.

Une remise en scène de la névrose

Lors de la cure, le patient va remettre en scène sa névrose en incluant le psychanalyste dans son jeu et en le mettant à une place particulière (le père, la mère, un oncle…).

C’est à dire qu’il va se poser en permanence les questions auxquelles précisément il ne parvient pas à répondre et rejouer les attitudes psychiques dont il n’arrive pas à se départir.

L’inconscient fait de la résistance

Car s’il est bien une constante chez chacun d’entre nous, c’est que nous ne voulons pas renoncer à notre mode de fonctionnement inconscient, fut-il névrotique.

Heureusement, le patient va trouver en face de lui un professionnel préparé à l’accueillir et rompu à la façon de l’empêcher de répéter inlassablement le même jeu et qui va lui permettre d’inventer alors de nouvelles réponses et de trouver une issue à la situation bloquée.

Le cas de Jean-Marc, un exemple pour mieux comprendre

Jean-Marc est un homme encore jeune, tourmenté et mal dans sa peau. Il est pris dans ses conflits psychiques échoue assez régulièrement ce qu’il entreprend, à la grande surprise de beaucoup car il est sensible, intelligent et semble avoir une vie sociale normale.

Que croyez-vous que Jean-Marc va tenter de répéter dans le transfert ?

Son échec, bien sûr !

Il cherchera, mu par son inconscient et pour se conforter dans son échec, à faire dire à son analyste que décidément avec lui rien n’est possible et qu’il n’est même pas capable de suivre une analyse jusqu’au bout.

Il oubliera par exemple de venir à certaines séances, se trompera de jour ou d’heure, tiendra un discours terne, emberlificoté ou agressif.

Ceci dans l’espoir, toujours inconscient, d’exaspérer l’analyste et de le pousser à lui signifier quelque chose de désagréable ou à interrompre la cure.

Bien sûr, le psychanalyste n’en fera rien et s’emploiera bien plutôt à ne pas entrer dans le jeu de son patient. Une porte s’ouvrira alors peut-être, que Jean-Marc choisira de franchir ou non.

S’il la franchit (sinon, ce sera partie remise), il pourra se souvenir d’une situation de son passé et finir par dire, souvent avec beaucoup d’émotion, que depuis qu’il est enfant, il est convaincu d’être un bon à rien et que d’ailleurs ses parents lui répétaient souvent :

« Mais qu’est-ce qu’on pourra bien faire de toi ?  ».

Une porte s’ouvre pour Jean-Marc

Une porte s’est bien ouverte. Et le psychanalyste ne laissera pas passer l’occasion de rebondir sur cette phrase et de lui donner de nouvelles inflexions.

Voici ce qu’il pourrait répondre : « Comment ? Vos parents ne savaient pas quoi faire de vous ? Mais alors, rien n’est encore décidé ! Ils n’attendent donc rien de vous, vous êtes dans des conditions psychiques idéales pour entreprendre ce que vous voulez !  ».

Un renversement de perspective vient d’avoir lieu.

Subitement, il apparaît que tout n’est peut-être pas perdu ou définitivement joué.

Pour parler comme Lacan, l’analyste ici a su reprendre un signifiant (qu’est-ce qu’on va faire de toi ?) manifestement important pour Jean-Marc et lui donner un signifié (tu es libre de choisir), différent de celui retenu par son analysant (tu es nul).

On retrouve bien le mouvement décrit plus haut.

Rejouer sa névrose pour la transformer

Lors d’une psychanalyse, le patient met en scène sa névrose (sa question diront les spécialistes), dans le transfert, puis inlassablement au début, la rejoue.

Pourtant, c’est en la rejouant qu’il se donne la possibilité de l’infléchir et de la transformer.

Un peu comme si le « programme » psychique initial infantile (celui qui était dysfonctionnel) avait été modifié, réactualisé et devenait ainsi mieux adapté à la vie d’adulte du patient.

Si vous voulez savoir pourquoi consulter et en quoi consiste une psychanalyse, cette page pourrait vous intéresser : Psychanalyste Paris.