Une série très réussie
La première saison de la série a rencontré un grand succès sur Arte.
Je la recommande à celles et ceux qui ne l’auraient pas encore vue.
Elle est l’adaptation en français par Éric Toledano et Olivier Nakache de la série israélienne “BeTipul”.
Enfin autre chose que des critiques sans nuance
Voici enfin une œuvre de fiction qui apporte un regard nuancé et positif sur la psychanalyse.
Est-ce un tournant dans l’appréciation qui est portée sur notre pratique ?
Il est difficile de se prononcer.
Mais il faut bien avouer que cela nous change des critiques acerbes qui ont été adressées à la psychanalyse depuis de nombreuses années.
Critiques souvent injustes et qui semblaient plus relever d’un étrange esprit polémique que de la rigueur intellectuelle.
Comme si l’époque du développement personnel prescriptif et des injonctions à l’efficacité dans tous les domaines de notre vie, avait voulu régler son compte à l’une des dernières pratiques qui offrent un lieu d’écoute neutre et respectueux, et qui permettent à chacun de trouver la voie de sa singularité.
Mais une série pas toujours réaliste
La série n’est pas toujours très réaliste. De nombreux psychanalystes ont dû s’étrangler en voyant combien le thérapeute, Philippe Dayan, est interventionniste et interprète les paroles de ses patients à tout bout de champ.
Il frise la faute professionnelle si on considère qu’il faut du temps avant de pouvoir avancer des interprétations. Il est en effet nécessaire de déjà bien connaître son patient et sa structure psychique. Sinon, le psychanalyste a de fortes chances de se tromper, de tomber à côté et d’influencer défavorablement son patient.
Car ce qui importe, c’est avant tout que ce dernier puisse déployer sa parole et aille à la découverte de son inconscient, en se libérant de l’influence des autres (ou du grand Autre comme dirait Lacan).
Alors que dans la série, le praticien, en intervenant trop souvent, se maintient dans une position de conseiller, de guide et de détenteur de savoir.
S’il peut ainsi apporter un réconfort provisoire à son patient en répondant à ses demandes, il risque toutefois de le conforter dans sa névrose et de ne pas l’aider à s’en libérer.
Un pari audacieux
Le défi que devait relever les auteurs de la série n’était toutefois pas mince.
Le quotidien d’une cure est difficile à restituer et à vouloir être trop réalistes, Éric Toledano et Olivier Nakache auraient pris le risque d’être très ennuyeux.
Déjà, l’idée de suivre des personnages au lendemain du drame du Bataclan est très bonne. Elle donne au récit un ressort dramatique fort et permet de développer des problématiques humaines poignantes.
Enfin, l’écriture subtile et intelligente des auteurs parvient à faire saisir que lors d’une cure psychanalytique, ce qui se dit d’important surgit toujours sur « une autre scène », celle de l’inconscient.
Lorsque par exemple Adel, le policier de la BRI (remarquablement joué par Reda Kateb) exprime sa colère contre son analyste, il est perceptible qu’il rejoue une scène traumatique infantile et que c’est à cet endroit que les choses se jouent.
Ou comment grâce à des artifices, il devient possible de faire percevoir une réalité qui autrement aurait été insaisissable.
Vous l’avez compris, en Thérapie est une excellente série, et elle est à regarder sans modération.
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