Vous souhaitez en savoir plus sur la psychose et sa définition ?

La psychose comme rapport au monde particulier

La personne psychotique a une conscience du monde et d’elle-même altérée. Elle est sujette aux idées délirantes et si elle n’est pas aidée, il lui est difficile de vivre avec les autres au quotidien. Elle perd la réalité et est en quelque sorte « sur une autre planète ».

En termes techniques, les psychanalystes diront que le nouveau monde extérieur fantasmatique de la psychose veut se mettre à la place de la réalité extérieure.

Notons toutefois en retour que le psychotique est très souvent innovant et surdoué. Pensons par exemple à Alan Turing dont les travaux sont à l’origine de l’informatique.

La compréhension de la psychose

La théorie psychanalytique aide beaucoup à la compréhension de la psychose.

Pour Freud, le père de la psychanalyse, la porte d’entrée dans l’inconscient était la névrose.

Pour Lacan, qui relut et prolongea génialement les travaux de Freud, cette porte d’entrée était la psychose.

Freud comprenait très bien la psychose mais il n’a pas particulièrement cherché à la prendre en charge dans sa clinique, contrairement à Lacan.

Le travail psychanalytique est précieux

En parallèle avec une prise en charge psychiatrique, donc médicamenteuse, qui va stabiliser et réduire les troubles, un travail avec un psychanalyste peut s’avérer précieux et permettre au patient de trouver un équilibre appréciable.

Le psychanalyste, en permettant au patient psychotique de revisiter les épreuves de vie, les traumatismes et les deuils impossibles qui ont fragilisé son appareil psychique, l’aidera à reconstituer ses défenses.

Psychose et forclusion

Lacan parlait de « forclusion du Nom-du-Père » à propos de la psychose. Sans entrer trop dans le détail de la théorie, on pourrait dire que sous la pression des pulsions, la réalité est rejetée et revient en s’exprimant sous forme de délire.

Le Nom-du-Père correspond à tout ce qui vient cadrer, ritualiser et donner du sens à l’existence. Mais s’il est forclos, cela veut dire qu’il n’est pas advenu au bon moment et ne pourra plus jamais s’inscrire.

Un travail avec un psychanalyste aidera à la mise en place de suppléances (comme par exemple la sublimation dans la création artistique qui permettra éventuellement de « se faire un nom »), qui seront autant de « béquilles » aux figures tutélaires.

Les différentes formes de psychose

La psychanalyse identifie trois formes de psychose : la paranoïa, la schizophrénie et la psychose maniacodépressive.

Paranoïa :

La paranoïa est caractérisée par deux symptômes : d’une part le sujet manifeste une nette mégalomanie (un délire des grandeurs) et de l’autre, il est atteint du sentiment d’être persécuté et surveillé en permanent (délire de persécution). 

Le paranoïaque perçoit en permanence dans son environnement et son entourage des signes, même infimes ou inexistants, qui ne font sens que pour lui et qui le rendent très méfiant.

Attention toutefois. Comme je l’indiquais plus haut, il ne faut pas oublier que nous avons tendance à penser la psychose du côté du déficit.

Alors qu’elle peut représenter de grandes potentialités.

Prenons par exemple le cas de Salvador Dali. Il était paranoïaque. Son œuvre artistique lui a pourtant permis de faire quelque chose de sa psychose. Nous pourrions dire qu’il est devenu un génie plutôt qu’un aliéné (il s’est ainsi « fait un nom »).

Schizophrénie :

Dans le cas de la schizophrénie, les psychanalystes disent que le sujet est clivé. C’est-à-dire que son schéma corporel est morcelé.

Le schizophrène est sujet aux délires et aux hallucinations.

Les causes de la schizophrénie n’ont à ce jour pas complétement été élucidés. Si un événement traumatique en est souvent à la racine, des facteurs génétiques ne sont pas exclus.

Psychose maniacodépressive :

La personne connaît des phases très marquées de fortes euphories puis d’abattement avec tentation suicidaire.

Reconstruire son idéalisation

Pour illustrer mon propos, je pense ici à une patiente médecin. Elle n’était pas exactement psychotique.

Mais elle a connu une phase de forte dépression mélancolique accompagnée de pensées suicidaires comme peuvent en connaitre certains psychotiques.

Cette patiente se portait bien et était très amoureuse de son mari. Jusqu’au jour où ce dernier tomba très malade et mourut après avoir passé de longues semaines en soins palliatifs.

Ma patiente est alors tombée dans une profonde mélancolie.

En tant que médecin, elle était confrontée à l’effondrement d’un idéal : Malgré ses efforts et sa foi en les valeurs médicales, elle n’était pas parvenue à sauver son mari.

Après un travail psychanalytique, elle put s’en remettre en grande partie. Elle devint médecin du travail.

Ce qui lui permit de reprendre une activité médicale en étant émotionnellement moins sollicitée, et son idéalisation se reconstruisit peu à peu.